Témoigner

Irène

Je suis maman de trois enfants. Un fils de 25 ans, issu d’un premier mariage, et deux de 7 ans et 10 ans, d’une seconde union. Je suis ce qu’on appelle « une maman solo », j’élève seule mes petits derniers. J’ai un emploi ALE dans une école communale. J’espère un jour avoir un vrai contrat de travail. Mais c’est mieux que rien puisque ça me permettra de quitter le CPAS, soit pour un emploi, soit pour avoir à nouveau droit aux indemnités de chômage.Il y a 4 ans, mon fils aîné a quitté le toit familial pour s’installer avec sa compagne. Ils avaient trouvé tous les deux un emploi et tout leur souriait.

Malheureusement, leur bonheur fut de courte durée. Une restriction du personnel a mis mon fils au chômage. Il a basculé dans une forme de dépression et sa compagne l’a quitté. Il n’était plus en mesure d’assumer financièrement seul la charge locative de son appartement. Il m’a supplié de le reprendre à la maison.

Si j’avais dit oui, les conséquences auraient été financièrement insurmontables. Devoir dire « non » à son enfant désespéré pour ne pas plonger ses autres enfants dans la grande pauvreté, c’est insoutenable et inhumain… Et pourtant, j’ai dû dire « non » pour ne pas changer de catégorie, de « cheffe de ménage » à celui de « cohabitante ». Le système m’a obligée à laisser mon fils vivre à la rue. Il ne l’a pas supporté. Il s’est suicidé. Et je suis seule à avoir sa mort sur ma conscience.