Témoigner

Marie

Je suis mère célibataire. Le géniteur de ma fille n’a jamais voulu reconnaître l’enfant. Elle a 10 ans aujourd’hui. D’intérim en intérim, j’accepte le travail qu’on veut bien me donner. Ma scolarité chaotique ne m’a pas donné l’accès à un bon diplôme. Je suis donc au chômage, sous la catégorie « Travailleuse isolée avec charge de famille », et je reçois environ 1.300€ par mois. Au vu de ce qu’on reçoit tous les mois pour vivre, on ne trouve pas facilement de loyer à notre bourse dans le centre, puisque je n’ai pas les moyens de m’offrir une voiture. Déjà, tomber sur un propriétaire qui accepte une femme seule avec enfant, c’est plutôt rare. Du coup, je paie 650€ un logement avec une seule chambre. La moitié de mon chômage y passe et pourtant, cet appartement est extrêmement mal isolé, il y fait tout le temps froid et humide. Mes factures de gaz et d’électricité explosent et je ne pourrai bientôt plus y faire face. La petite est souvent malade et d’après le médecin, c’est lié à notre logement.

L’une de mes amies, qui est également seule avec un enfant, m’a proposé qu’on loue une maison ensemble pour avoir un logement de meilleure qualité, qui ne soit pas une passoire énergétique, et aussi avoir un jardin où les petites pourraient jouer. Mon amie est institutrice, elle a un boulot stable et cohabiter avec elle me permettrait d’accepter un emploi aux horaires tardifs puisqu’il y aurait quelqu’un pour veiller sur ma fille. Ce rêve pourrait devenir réalité si j’avais un emploi. Seulement, quand on est au chômage et qu’on veut élever son enfant dans un logement décent, on se retrouve sanctionné : si mon amie et moi vivions en colocation, je deviendrais cohabitante et perdrais près de 800€ tous les mois. À cause du statut cohabitant, ma fille est condamnée à avoir le nez qui coule en permanence, et moi à transir chaque fois que je reçois ma facture de gaz.