Témoigner

Lola

Comment le statut cohabitant conditionne nos choix de vie ?

Je suis assistante sociale depuis 10 ans, j’ai toujours travaillé, sur 10 ans j’ai cumulé un maximum de 8 mois de chômage à temps plein ! Après la première grossesse, j’ai décidé de travailler à mi-temps (environs 18 mois) pour voir mon enfant grandir, je n’ai pas demandé de complément du chômage parce que c’était volontaire. J’ai repris le travail à temps plein durant un peu moins d’un an. Malheureusement, les subsides se sont éteints et j’ai perdu mon emplois. Je suis passée d’un salaire confortable d’un temps plein (bac avec 7 ans d’ancienneté …) à : 550€, taux cohabitant ! Pourquoi ? Parce que je n’avais pas suffisamment de jour à temps plein sur les x derniers mois… et que j’avais en plus 5 mois de congé de maternité/allaitement ! Alors BIM, le forfait… J’ai toujours travaillé et cotisé… j’ai même refusé un complément chômage durant 18 mois parce que mon mi-temps était « volontaire ». Et BIM, la réalité me rattrape, du jour au lendemain, je perds l’équivalent de notre crédit hypothécaire ! Pas le choix, il faut que je travaille au plus vite ! Je prends le premier job venu, un mi-temps ! Pas de bol, c’est pas le job de mes rêves, c’est même l’enfer… je suis coincée, je n’arrive pas à trouver autre chose sans « perdre mes droits »… (quand on passe par la case 550€, on fait attention à ce qu’on fait après !) résultats des courses : burn-out professionnel et personnel ! J’ai trimé pour récupérer une dignité financière, je trime dans un boulot que je n’aime pas… je trime pour « vivre » dans une société en constante augmentation alors que : je n’ai même pas 10% de mon passé professionnelle qui est marquée de l’étiquette « sans emploi ». Aujourd’hui, si je retombe au chômage, je sais que c’est à nouveau ce fameux forfait cohabitant qui m’attend ! Ça m’angoisse ! Je n’ai pas le droit à l’erreur, je n’ai pas le choix de continuer là où je suis, quitte à y laisser ma santé mentale… joli tableau pour quelqu’un qui ambitionnait de faire quelque chose dans le monde du social… joli tableau d’un monde qui se veut « pour le bien-être des travailleurs…
Aujourd’hui plus que jamais, je comprend ceux que je reçois dans mon bureau, ceux qui ont la corde au coup,… qui ne savent plus par quel bout commencer…
Quand l’argent n’est pas au rendez-vous, le moral y est encore moins… et les perspectives… encore plus loin !
Aujourd’hui, être femme et mère… et ne pas avoir trouvé le « job de rêve » à la sortie des études (cdi avec là une certitude de pérennité de la boîte)… c’est prendre le risque d’être assimilé à un « cohabitant » si, à un moment donné, le choix d’un temps partiel doit être posé (par choix ou par dépit au vu le nombre de place disponible en milieu d’accueil et leur coût !) et qu’un C4 tombe ! Aujourd’hui être femme, mère et travailleuse à temps partiel… c’est prendre le risque d’être à un moment donné vulnérable en tout point…