Face à « une spirale de crises dont nous ne voyons plus la fin », l’individualisation des droits sociaux devient une urgence, plaide jeudi Soralia (anciennement Femmes prévoyantes socialistes). Le mouvement féministe dénonce que l’attribution d’allocations sociales s’effectue en fonction des revenus du ménage et non de l’individu, créant ainsi une dépendance économique entre partenaires.
Alors que les crises s’accumulent – énergétique, sanitaire, environnementale… -, il devient de plus en plus ardu de « joindre les deux bouts » et le nombre de personnes en situation de précarité explose, souligne Soralia.
Pour le mouvement féministe, la solution réside dans le refinancement de la Sécurité sociale mais aussi dans l’individualisation des droits sociaux. En effet, si en cotisant à la Sécurité sociale, les travailleuses et travailleurs ouvrent « des droits dérivés pour leurs enfants et éventuellement pour leur partenaire, s’il ou elle est sans revenu professionnel », Soralia dénonce qu’ils se fondent « sur une relation de parenté, de mariage ou de cohabitation » et non sur le travail. Même chose pour les allocations sociales, attribuées en fonction des revenus du ménage et non de l’individu.
« Ce système, basé sur une conception familiale datant des années 1950, est non seulement obsolète, mais aussi inégalitaire lorsqu’on observe le fossé de plus en plus profond qui se creuse entre les plus riches et les plus pauvres », s’offusque Soralia. Celle-ci pointe également un côté « destructeur lorsqu’on prend en considération la situation d’une majorité de femmes », qui travaillent plus souvent à temps partiel que les hommes et dont les métiers dans lesquels elles sont surreprésentées (enseignement, nettoyage, infirmerie…) sont « moins valorisés » financièrement. Les femmes risquent donc plus de tomber dans la précarité que les hommes.
« Ce système de non-individualisation des droits sociaux est largement inégalitaire et nuisible pour les femmes, car non seulement il les maintient dans un lien de dépendance économique vis-à-vis de leur conjoint, mais en plus il constitue un réel obstacle pour celles qui souhaiteraient quitter le domicile, que ce soit par choix, nécessité ou sécurité », souligne Soralia.
Depuis les années 1980, de nombreuses associations, dont les mouvements féministes, réclament ainsi une individualisation des droits sociaux et la suppression du statut de cohabitant. « Afin que ces droits puissent réellement remplir leur fonction, c’est-à-dire protéger chaque individu de façon équitable, solidaire et juste contre les aléas de la vie mais aussi de pouvoir affronter ensemble les crises que nous traversons », conclut Soralia.