Getuigen

Karoline

Comment le statut cohabitant·e épuise celles et ceux qui le subissent

À 58 ans j’ai fait une dépression professionnelle qui m’a amenée à une dépression sévère pour laquelle je suis soignée depuis quatre ans. Je perçois donc des indemnités de mutuelle. Ces indemnités sont calculées sur base de mes revenus salariés mais avec un plafonnement qui me fait déjà perdre 1000 euros brut par mois. Ensuite, il faut établir le pourcentage de ces indemnités : la première année mes indemnités journalières correspondaient à 60% du revenu plafonné sans tenir compte ni du nombre de personnes vivant sous mon toit, ni de leurs revenus. À partir de la deuxième année, alors que ma situation financière n’est déjà pas brillante, on me demande de remplir des tas de formulaires pour déterminer mon statut : cohabitant ou isolé avec ou sans charge de famille. Avant cette maladie, mes revenus étaient les plus élevés de la famille car mon mari a une profession moins bien rémunérée que la mienne. Le fait de perdre la moitié de mon salaire n’est donc pas anodin. Lorsqu’on passe en invalidité, suivant le statut de cohabitation dans lequel on se trouve, les indemnités passent de 60% à 65% (!) si on a charge de famille, 55% si on est isolé et à 40% si on est cohabitant. La différence est énorme, absolument injustifiée et inique. Lorsque c’est le revenu le plus élevé qui est diminué de 60%, c’est d’autant plus difficile pour la famille. J’arrive en fin de carrière donc je n’ai pas le choix : je ne me ferai plus engager chez un autre employeur à 61 ans et retourner travailler chez l’employeur qui est responsable de mon état n’est médicalement pas possible. Il me reste donc à atteindre la pension, qui elle n’est pas soumise à cette notion de cohabitation, pour retrouver un revenu un peu plus décent. Et aussi espérer que mon mari qui travaille dans un secteur physiquement pénible sans que cette pénibilité soit retenue comme un élément déterminant pour une pension anticipée, ne tombe lui aussi en maladie ( il a soixante ans et ne se voit plus travailler sur chantier jusqu’à la pension…dans sept ans). Dans ce cas, nous aurions quelques belles années difficiles à vivre entre la détérioration physique et financière.