Ce 19 septembre 2023 se tiendra au parlement fédéral une seconde journée d’auditions, dans le cadre des réflexions politiques actuelles en lien avec la suppression du statut de cohabitant·e.
A l’invitation des député·es de la Commission des Affaires sociales, de l'Emploi et des Pensions, deux représentant·es des organisations syndicales et deux représentant·es des organisations patronales viendront apporter leur expertise et leurs positions quant à la disparition souhaitée de ce statut injuste qui appauvrit la population depuis plus de 40 ans.
Pour rappel, une première journée d’auditions a déjà eu lieu le 25 avril dernier. A cette occasion des personnalités académiques mais aussi les mutuelles (Solidaris et la Mutualité Chrétienne), le Réseau Belge de lutte contre la pauvreté (BAPN), la Fédération des CPAS ainsi que des représentantes de notre plateforme Stop Statut de Cohabitant·e avaient été entendues par les représentant·es politiques.
Le 12 septembre dernier, un chiffre tombe dans la presse : 1,86 milliard d’euros. Il s’agit là du coût de la suppression du statut de cohabitant·e. En effet, en mars dernier, le parlement fédéral avait demandé à la Cour des Comptes de chiffrer la suppression du statut. Les résultats sont pour le moins parlant : non seulement ce chiffre est en adéquation avec les montants évoqués depuis des mois par notre plateforme, mais il apparait aussi bien en deçà des coûts invoqués précédemment (entre 10 et 15 milliards). La suppression du statut de cohabitant·e relève donc aujourd’hui bien plus de la volonté politique que d’une réelle saignée budgétaire.
Jamais le climat politique n’a paru si ouvert à une discussion franche et sincère autour de ce statut. Les partis semblent reconnaître que ce statut est devenu anachronique et qu’il est nécessaire de le revoir en profondeur. Pour autant, nous ne relâchons pas la pression car nous réclamons plus qu’une simple réforme. Selon nous, deux impératifs doivent servir de balises :
- Nous demandons la suppression du statut de cohabitant·e pour tous les statuts, par l’alignement du montant sur celui du statut des personnes isolées, tout en maintenant le statut de chef·fe de famille. En effet, dans le cas des familles monoparentales – dont 90% sont « gérées » par des femmes – la suppression du statut de chef·fe de famille dans ce cadre entrainerait une perte importante de revenus.
- Nous refusons que la suppression du statut de cohabitant·e serve de monnaie d’échange à des réformes qui nuiraient à d’autres conquis sociaux.
Notre plateforme, les 139 associations qui la nourrissent et les 3921 citoyen·nes qui la soutiennent officiellement ne lâcheront rien tant que des avancées politiques concrètes ne seront pas votées.
Le statut de cohabitant·e empoisonne la vie de la population depuis trop longtemps. Prenons l’exemple de Madame A., qui vit seule et qui est chômage depuis plus d’un an. Elle apprend que sa maman est souffrante et l’invite à se domicilier chez elle, afin de l’aider dans son quotidien. Ayant une très faible pension, sa maman bénéficie de la GRAPA. Habiter ensemble les pénalisera désormais toutes les deux : Madame A. percevra désormais 1.126,84€ au lieu de 1.515,54€, sa maman ne percevra quant à elle plus que 973,39€ au lieu de 1.460,08 €. Un manque à gagner d’un peu moins de 900€, uniquement pour avoir accueilli chez soi un parent malade. En Belgique, force est de constater que la solidarité intrafamiliale - souvent portée par les femmes et donc impactant une fois de plus ces dernières - peut coûter très cher.
La suppression du statut de cohabitant doit demeurer un des sujets phares de la campagne électorale. Il devra aussi faire partie des grandes priorités à défendre par les partis qui se disent progressistes, lorsque le moment sera venu de négocier un accord de gouvernement.
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